NC – Saint-Exupéry, Pilote de guerre

Notes contemplatives de lecture – Note contemplative n° 6

Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. Saint-Exupéry, Pilote de guerre.

Notes de lecture

[…] puis vient le jour où l’on subit des examens. Où l’on reçoit quelque diplôme. Où l’on franchit, avec un serrement de cœur, un certain porche, au-delà duquel, d’emblée, on est un homme. Alors le pas pèse plus lourd sur la terre. p. 113.

La nuit, la raison dort, et simplement les choses sont. Celles qui importent véritablement reprennent leurs formes, survivent aux destructions des analyses du jour. L’homme renoue ses morceaux et redevient arbre calme. p. 119.

[…] la vie de l’esprit est intermittente. La vie de l’intelligence, elle seule, est permanente. […] L’esprit ne considère point les objets, il considère le sens qui les noue entre eux. p. 123.

La mort est une grande chose. Elle est un nouveau réseau de relations avec les idées, les objets, les habitudes du mort. Elle est un nouvel arrangement du monde. Rien n’a changé, mais tout a changé. Les pages du livre sont les mêmes, mais non le sens du livre. p. 124.

L’angoisse est due à la perte d’une identité véritable. Si j’attends un message dont dépend mon bonheur ou mon désespoir, je suis comme rejeté dans le néant. Tant que l’incertitude me tient en suspens, mes sentiments et mon attitude ne sont plus qu’un déguisement provisoire. Le temps cesse de fonder, seconde par seconde, comme il bâtit l’arbre, le personnage véritable qui m’habitera dans une heure. p. 128.

Connaître, ce n’est point démontrer, ni expliquer. C’est accéder à la vision. Mais pour voir, il convient d’abord de participer. p. 135.

J’aurai marché comme un aveugle que ses paumes ont conduit vers le feu. Il ne saurait pas le décrire et cependant il l’a trouvé. p. 135. (Voir note p. 211.)

Et je sais bien que le champ de la conscience est minuscule. Elle n’accepte qu’un problème à la fois. p. 139.

Vivre, c’est naître lentement. Il serait un peu trop aisé d’emprunter des âmes toutes faites. p. 142.

La terre est vide. Il n’est plus d’hommes quand on observe de dix kilomètres de distance. Les démarches de l’homme ne se lisent plus à cette échelle. p. 144.

L’aventure repose sur la richesse des liens qu’elle établit, des problèmes qu’elle pose, des créations qu’elle provoque. p. 146.

Je suis de mon enfance comme d’un pays. p. 158.

L’étendue véritable n’est point pour l’œil, elle n’est accordée qu’à l’esprit. Elle vaut ce que vaut le langage, car c’est le langage qui noue les choses. p. 160.

Que valons-nous une fois immobiles ? p. 160.

Je sais bien que pour créer l’arbre on condamne une graine à mourir. p. 177.

L’homme n’est qu’un nœud de relations. p. 193.

Eh ! Ceux qui nous tirent d’en bas, savent-ils qu’ils nous forgent ? p. 194.

Le métier de témoin m’a toujours fait horreur. Que suis-je, si je ne participe pas ? J’ai besoin, pour être, de participer. p. 199.

Chaque obligation fait devenir. p. 199.

Mais il s’agit, ici, de l’amour véritable : un réseau de liens qui fait devenir. p. 206.

Les pierres du chantier ne sont en vrac qu’en apparence, s’il est perdu dans le chantier, un homme, serait-il seul, qui pense cathédrale. p. 209.

Si l’aveugle marche vers le feu, c’est qu’est né en lui le besoin du feu. Le feu déjà le gouverne. Si l’aveugle cherche le feu, c’est que déjà il l’a trouvé. p. 211. (Voir note p. 135.)

Chacun est responsable de tous. Chacun est seul responsable. Chacun est seul responsable de tous. p. 212.

[…] l’individu n’est qu’une route. L’homme qui l’emprunte compte seul. p. 213.

Dans ma civilisation, celui qui diffère de moi, loin de me léser, m’enrichit. p. 215.

Il est aisé de fonder l’ordre d’une société sur la soumission de chacun à des règles fixes. […] Mais la réussite est autrement haute qui consiste, pour délivrer l’homme, à le faire régner sur soi-même. […] Délivrer une pierre ne signifie rien s’il n’est point de pesanteur. Car la pierre, une fois libre, n’ira nulle part. p. 217.

[L’humilité] lui imposait de s’oublier pour se grandir, car si l’individu s’exalte sur sa propre importance, la route se change en mur. p. 219.

La grandeur de ma civilisation, c’est que cent mineurs s’y doivent de risquer leur vie pour le sauvetage d’un seul mineur enseveli. Ils sauvent l’homme. p. 219.

On ne dit rien d’essentiel sur la cathédrale si l’on ne parle que des pierres. On ne dit rien d’essentiel sur l’homme, si l’on cherche à le définir par des qualités d’hommes. p. 220.

Aucune explication verbale ne remplace jamais la contemplation. p. 220.

On ne fonde en soi l’être dont on se réclame que par des actes. p. 221.

Celui-là seul comprendra ce qu’est un domaine, qui lui aura sacrifié une part de soi, qui aura lutté pour le sauver, et peiné pour l’embellir. Alors lui viendra l’amour du domaine. Un domaine n’est pas la somme des intérêts, là est l’erreur. Il est la somme des dons. p. 221.

On meurt pour cela seul dont on peut vivre. p. 223.

Je suis le plus fort si je me retrouve. […] Je suis le plus fort, parce que l’arbre est plus fort que des matériaux du sol. Il les draine à lui. Il les change en arbre. p. 225.

L’homme doit toujours faire les premiers pas. Il doit naître avant d’exister. p. 226.

Je combattrai pour la primauté de l’homme sur l’individu – comme de l’universel sur le particulier. […] Égalité n’est pas identité. La liberté n’est pas l’exaltation de l’individu contre l’homme. Je combattrai quiconque prétendra asservir à un individu – comme à une masse d’individus – la liberté de l’homme. p. 226.

Les vaincus doivent se taire. Comme les graines. p. 228.

Bibliographie

Antoine de Saint-Exupéry, Oeuvres complètes, Tome II, La Pléiade.

Voir aussi

Notes contemplatives : Antoine de Saint-Exupéry : Le Petit Prince ;  Terre des Hommes ; Vol de nuit.

Dsirmtcom,  octobre 2020.

Notes contemplatives de lecture

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