Vocabulaire – Surhomme, Surhumain [Nietzsche]

Philosophie – Carnet de Vocabulaire Philosophique


Surhomme, Surhumain [Nietzsche]

Auteurs – Ouvrages :

Nietzsche, Le Gai Savoir

Que dit ta conscience ? – “Tu dois devenir ce que tu es.” § 270.

Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

Je vous enseigne le Surhumain. L’homme n’existe que pour être dépassé. […] / Vous avez fait le chemin qui va du ver à l’homme, et vous avez encore beaucoup du ver en vous. Jadis vous avez été singes, et même à présent l’homme est plus singe qu’aucun singe. / Même le plus sage d’entre vous n’est encore qu’un être hybride et disparate, mi-plante, mi-fantôme. Vous ai-je dit de devenir fantômes ou plantes ? / Voici, je vous enseigne le Surhumain. / Le Surhumain est le sens de la terre. Que votre vouloir dise : Puisse le Surhumain devenir le sens de la terre ! Prologue, § 3.

Jamais encore il n’a existé de Surhumain. Je les ai vus nus tous les deux, le plus grand des hommes et le plus petit. / Ils se ressemblent encore trop. En vérité, le plus grand lui-même m’a paru – par trop humain. II, “Des prêtres ».

Et voilà le secret que la vie m’a confié : “Vois, m’a-t-elle dit, je suis ce qui est contraint de se surmonter soi-même à l’infini. II, “De la victoire sur soi”.

Car c’est bien là ce que je suis au fond et par nature : tirant, attirant, soulevant, élevant – haleur, éleveur et éducateur – et ce n’est pas en vain que je me suis dit naguère : “Deviens qui tu es.” / Aux hommes désormais de monter jusqu’à moi. Car j’attends encore les signes qui m’avertiront que l’heure est venue de mon déclin ; je ne redescendrai pas de moi-même chez les hommes ; ainsi le veut mon destin. IV. “L’offrande de miel”.

Nietzsche, Crépuscule des idoles

Goethe concevait un homme fort, hautement cultivé, habile à toutes les choses de la vie physique, se tenant lui-même bien en main, ayant le respect de sa propre individualité, pouvant se risquer à jouir pleinement du naturel dans toute sa richesse et toute son étendue, assez fort pour la liberté ; homme tolérant, non par faiblesse, mais par force, parce qu’il sait encore tirer avantage de ce qui serait la perte des natures moyennes ; homme pour qui il n’y a plus rien de défendu, sauf du moins la faiblesse, qu’elle s’appelle vice ou vertu… Un tel esprit libéré, apparaît au centre de l’univers, dans un fatalisme heureux et confiant, avec la foi qu’il n’y a de condamnable que ce qui existe isolément, et que, dans l’ensemble, tout se résout et s’affirme. Il ne se nie plus… Mais une telle foi est la plus haute de toutes les fois possibles. Je l’ai baptisée du nom de Dionysos. “Flâneries inactuelles”, § 49.

Nietzsche, L’Antéchrist

Le problème que je pose ainsi n’est pas de savoir ce qui doit remplacer l’humanité dans la suite des êtres (- l’homme est un terme-) : mais quel type d’homme on doit dresser, on doit vouloir comme type d’une valeur plus élevée, plus digne de vivre, plus sûr d’un avenir. § 3.

L’humanité ne représente pas du tout une évolution vers le mieux, le plus fort, le plus élevé au sens où on le croit aujourd’hui. […] En un autre sens, il y a une réussite continue de cas individuels dans les endroits les plus différents de la terre et dans les cultures les plus différentes, cas qui laissent figurer ce qu’est en fait un type plus élevé : quelque chose qui, eu égard à l’humanité dans son ensemble, est une sorte de surhumain. § 4.

Nietzsche, Ecce Homo – Comment on devient ce qu’on est

A ce point, on ne peut plus éluder la vraie réponse à la question : comment on devient ce qu’on est. […] Que l’on devienne ce qu’on est suppose que l’on ne doute pas le moins du monde de ce qu’on est. […] On doit préserver toute la surface de la conscience […] pure de toute atteinte d’un quelconque des grands impératifs. Attention même à tous les grands mots; à toutes les grandes attitudes ! “Pourquoi je suis si avisé”, § 9. 

Le mot “surhumain”, qui sert à désigner un type de réussite suprême, à l’opposé des “hommes modernes”, des hommes “bons”, des chrétiens et autres nihilistes […], le “surhumain” a été compris presque partout en toute innocence comme synonyme des valeurs dont la figure de Zarathoustra constitue l’antithèse, à savoir comme type idéaliste d’une espèce supérieure d’hommes, à moitié “saint”, à moitié “génie”. “Pourquoi j’écris de si bons livres”, § 1.

Définition

Chez Nietzsche, le surhomme est l’homme qui, par sa volonté de puissance positive, dépasse les autres hommes, qui les surmonte moralement. C’est celui qui réalise le “Deviens ce que tu es”, et devient ainsi “surhumain”.

Etymologie

Larousse étymologique :

Calque de l’allemand Übermensch, de Mensch, être humain (chez Nietzsche).

Morfaux :

Allemand Übermensch, terme que Nietzsche a repris de Goethe.

Références

Lalande :

Terme […] popularisé par l’usage qu’en a fait Nietzsche. […] Il l’a aussi appliqué, mais rarement, à l’homme de génie, à l’artiste.

Dans la littérature et la philosophie contemporaine, ce terme s’est répandu et a pris des acceptions plus ou moins précises dérivant de celles-là.

Morfaux :

Homme remarquable par sa supériorité sur le commun des hommes, soit par ses performances physiques et sa force de caractère (héros) soit par ses capacités intellectuelles ou artistiques (génie).

La notion de surhomme introduite par Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra a été très souvent interprétée dans un sens darwinien, nationaliste, raciste, que Nietzsche a récusé expressément dans Ecce Homo. Le surhomme n’est pas déterminé biologiquement, il ne représente ni une espèce, ni une race, mais l’homme même en tant qu’il obéit à l’injonction : “Deviens ce que tu es”. […] Par opposition à la déchéance des “derniers hommes” affaiblis par les valeurs chrétiennes et les idées modernes, il a la volonté d’incarner “la puissance et la splendeur suprême, en soi possible, du type homme” (Généalogie de la morale). Mais il se distingue aussi de l’homme supérieur, souvent lui aussi nihiliste […]. Loin de constituer une nation ou une race, il est “l’individu souverain”, “une conscience authentique de puissance et de liberté” (Généalogie de la morale, II, 2). En lui seulement, la volonté de puissance sera pleinement positive. Lui seul sera capable de supporter la pensée de l’éternel retour.

Godin :

Idée d’un homme supérieur en puissance à l’homme actuel.

Des interprétations très différentes, et même divergentes sont nées de ce terme très équivoque de puissance. Chez Nietzsche, la puissance vitale, en termes de volonté de puissance affirmative, n’équivaut pas nécessairement à la force physique avec ce qu’elle a de plus apparent. Le surhomme n’est pas une brute.

CNRTL :

[Par référence à la philosophie nietzschéenne] Homme supérieur, libéré des normes sociales et agissant selon sa propre volonté de puissance.

Voir aussi

Carnet de vocabulaire philosophique : Éternel Retour, Morale, Nihilisme, Ressentiment, Volonté de puissance.

Doctrines et vies des philosophes illustres : Nietzsche.

Fiches de lecture : Nietzsche : Généalogie de la morale ; Ecce Homo.

Notes contemplatives de lecture : Nietzsche, Le Gai Savoir.


Dsirmtcom, novembre 2021.

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